Une prospective, qu’est-ce que c’est ?

Objectif et principes

L’objectif d’une prospective est de décrire des futurs possibles. Il ne s’agit pas de prévoir l’avenir mais d’élaborer des scénarios cohérents et plausibles. A la différence de la prévision, qui modélise l’avenir à partir de continuités sur des tendances observées, la prospective cherche à saisir les discontinuités possibles, à identifier des inversions ou des transformations de tendances. Pour cela, la prospective s’intéresse aux ruptures possibles et à l’émergence de « signaux faibles » qui deviendront peut-être demain des tendances lourdes. La prospective est un exercice collectif : ses conditions de réussite sont la liberté d’expression, la créativité et le rejet des idées reçues.

La plupart des prospectives sont initiées par des organisations privées (entreprise) ou publiques (ministère, collectivité territoriale). Une prospective est souvent liée à une réflexion stratégique. On s’intéresse aux futurs possibles pour mieux définir sa stratégie pour les années à venir. Dans le cas d’une prospective territoriale, le nombre d’acteurs concernés est élevé et leurs objectifs souvent très différents. La construction de scénarios pour le futur peut être un puissant levier pour faciliter les concertations, la mobilisation d’acteurs et leur éventuelle convergence vers un ou des projet(s) territorial(aux). Dans quelques cas, comme le nôtre, l’exercice de prospective est initié et piloté par des citoyens de façon autonome.

Quels liens entre une prospective et Sète en transition ?

« Sète en transition » est un collectif qui réunit des initiatives et des compétences diverses autour de l’idée générale d’engager des actions pour se préparer à l’après-pétrole. Par construction, le futur nous concerne donc. Il paraît utile de produire des représentations de futurs possibles qui ne tombent pas dans le piège d’une dualité entre un avenir sombre ou radieux. Réfléchir sur les futurs possibles est un moyen de renforcer le groupe, de l’élargir et de multiplier les échanges entre acteurs localement. Une réflexion prospective peut être aussi un puissant moyen pour approfondir ses connaissances sur le territoire et d’y être un acteur plus pertinent.

Les étapes de la méthode prospective

Une prospective suit généralement les étapes suivantes :

  1. ​La première étape de la prospective est de délimiter clairement le domaine sur lequel elle va porter (un thème, un territoire, une entreprise…) et l’horizon de temps sur lequel on va travailler (généralement, on le situe suffisamment loin pour mieux se détacher du réel et stimuler la créativité : au moins 30 ans), ainsi que les acteurs concernés. En ce qui nous concerne, nous avons choisi le territoire composé par les 14 communes autour du bassin de Thau et l’horizon 2050 pour travailler sur ses futurs possibles.
  2. ​Une seconde étape consiste à réaliser un diagnostic du territoire en rassemblant les données et les informations. Ces informations serviront de support aux personnes impliquées dans la prospective pour qu’elles exercent leur imagination et déroulent leurs analyses. Pour cela, on mobilise des documents existants souvent complétés par des entretiens auprès de personnes ressources. Cette étape peut prendre pas mal de temps mais elle est déterminante pour la suite du processus et la qualité du travail pour les étapes suivantes. Nous avons jusqu’à présent accumulé pas mal de documentation et réalisé une première série d’entretiens pour cela.
  3. ​La troisième étape consiste à identifier ce qu’on appelle les variables clés. Dans un premier temps, il s’agit de repérer, pour le domaine ou le territoire concerné, les changements qui peuvent survenir, qu’ils soient pressentis, souhaités ou craints. Cela permet de repérer les facteurs de changements ou variables. Le nombre des variables recensées peut dépasser la soixantaine. Les étapes 2 et 3 permettent une large participation qui doit néanmoins être bien organisée pour être efficace. A ce stade, nous avons identifié une série de variables qui constitue une base de discussion avec les personnes et les groupes que nous rencontrons : ces variables ne sont pas figées et pourront évoluer dans le cours du processus
  4. ​La quatrième étape consiste à organiser les variables entre les variables internes (celles pour lesquelles les acteurs du territoire peuvent agir pour les transformer) et les variables externes (auxquelles les acteurs du territoire devront s’adapter car ils n’ont pas de prise sur elles). Ensuite, on hiérarchise les variables pour repérer celles qui paraissent déterminantes pour l’avenir du territoire.
  5. ​La cinquième étape consiste à préciser les modalités futures des variables. Pour chaque variable, on s’efforce d’imaginer les différentes modalités elle pourrait prendre en 2050. Par exemple, si on considère la variable « montée du niveau de la mer », on peut considérer plusieurs modalités comme (1) élévation très faible, (2) élévation significative mais graduelle et (3) élévation significative et par à-coups suite à des évènements climatiques extraordinaires.
  6. ​La sixième étape consiste à construire les scénarios envisagés pour le territoire. A partir de nos variables hiérarchisées et de leurs différentes modalités, on construit plusieurs scénarios (dont le nombre varie généralement entre 4 et 6) qui correspondent à des combinaisons cohérentes représentant des futurs possibles et contrastés. Chaque scénario fait ensuite l’objet d’un travail rédactionnel et illustratif (dessins, schémas…) afin de pouvoir être communiqué à un large public et servir de base aux débats futurs.

Les débats alimentés par les scénarios peuvent servir différents objectifs qui doivent être précisés avant de commencer une prospective : comment et par qui la prospective sera utilisée, dans quel but, quels moyens se donne-t-on pour aller au-delà de la réflexion collective et engager un processus de transition ? Souvent non incluse dans la réflexion, cette septième étape est néanmoins indispensable lorsqu’il s’agit de mobiliser les énergies, le temps et l’intelligence de nombreuses personnes. La construction de scénarios ne peut être la fin d’une prospective territoriale citoyenne comme celle engagée par Sète en transition. Elle doit être l’amorce de ce processus de transition, conscient et voulu, élaboré par un collectif volontaire.

Pour en savoir plus sur la méthode

Pour ceux qui veulent approfondir :

<– Groupe Prospective | Les facteurs de changement du Bassin de Thau –>

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